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Soi Sauvage

29 avril 2008

Marie-Madeleine, un amour infini

 

Kelen

Je souhaite aujourd'hui rendre hommage à Jacqueline Kelen (voir ici ), auteur dont le verbe est pour moi délectable. J'ai entendu Jacqueline Kelen lors d'une conférence à Marseille et je me suis aperçue qu'elle parle aussi gracieusement qu'elle écrit. Depuis cette rencontre, chaque fois que je lis ses livres, je crois entendre sa voix.

C'est une amie chère qui un jour, sachant que je m'intéressai au mythe de Marie-Madeleine (mythe ne veut pas dire imaginaire), m'a offert Marie-Madeleine, un amour infini.

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Je l'ai dévoré en une nuit, emportée par ce verbe flamboyant et je ne m'en suis pas encore remise.

En voici un extrait:

Je n'ai jamais rien compris à l'impureté. Tout est sang, fleuve de sang, et chair profonde. Alors, quand on est la femme Magdeleine, on aimerait dire à sa soeur, à ses amants: ne gardez de la terre que ce fil d'écarlate; ne voyez que la source dans le champ de scories.

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Pour voir et entendre Jacqueline Kelen...

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25 avril 2008

En vérité

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24 avril 2008

La roue

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                                               La roue : symbole de l'Eternité - Natamandir

Le symbole est un guide à travers le labyrinthe tel Anubis conduisant l'âme dans l'autre monde. Il est dangereux de s'attacher au symbole car ce serait tenter de saisir l'insaisissable. Le symbole n'est nullement l'aboutissement de la quête. Il est le voile à soulever pour contempler le visage de la jeune épousée, l'Isha, cette part inexplorée sauvage en soi qu'il s'agit d'épouser pour accéder à l'unité. Comme dit un proverbe, quand le sage montre la lune du doigt, il serait stupide de s'attarder doigt!

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Derviches tourneurs ( webr.free.fr/turquie/)

 

La roue est un symbole récurrent qui apparaît dans toutes les traditions humaines. Elle est intimement liée à notre histoire et les plus anciennes découvertes archéologiques attestant de l'existence de la roue remonte à l'aube des temps, aux environ du III ème millénaire avant Jésus-Christ, en Mésopotamie.

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Chars à roues pleines en bois sur l'étendard d'Ur (Bas-relief en céramique mésopotamien, IIIe millénaire, Londres, British Museum)

L'invention de la roue a radicalement changé notre conception du temps et de l'espace. La roue a permis de rapprocher les lieux et les êtres sans changer la distance réelle qui les sépare. Le monde semble plus petit mais l'homme a tendance à se perdre dans ses propres illusions. Le rapprochement ne s'est fait que dans la matière et plus les distances se réduisent plus l'éloignement s'accentue entre les êtres.

La roue est aussi celle du potier qui crée un objet unique à partir d'un morceau de glaise, ou celle qui permet de tirer l'eau du puits. La roue comme la pièce de monnaie a une double face. Elle peut libérer ou enclore.

La roue de l'engrenage permet de mesure le temps dans le ventre de l'horloge ou de fabriquer des machines capables de seconder ou remplacer l'homme.

Grâce à la roue, l'homme semble avoir gagné un pouvoir semblable à celui Dieu, maitriser le temps et l'espace, créer et trouver l'eau désaltérante au cœur même du désert. Pourtant, le symbole n'a pas été dépassé...

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Mandala de sable

 

Tendons l'oreille fine, celle qui perçoit le silence au-delà du mot, qui entend la musique divine derrière le bruit du monde...

Dans la tradition taoïste, le livre du Tao évoqueTrente rayons se joignent au moyeu/Un, qui permet l’usage du char dans l’espace. », la roue symbolise l'immobilité du centre qui engendre le mouvement perpétuel de la périphérie. L'immobile qui rayonne, à l'origine de toute action. L'esprit est cet immobile d'où éclot toute pensée, donc tout acte. Si l'on conçoit le corps comme une roue, son centre serait donc le hara, centre d'équilibre parfait pour plier comme le roseau dans la tempête et ne pas se briser. D'ailleurs il n'y a pas que les maîtres en art martiaux qui ont compris cette histoire du roseau pliant, Lafontaine dans sa fable du Chêne et du roseau, ou le fabuliste grec Esope « l''olivier se brise, le roseau plie » ont bien saisi que, à l'instar de l'univers, des galaxies, des astres, il faut trouver son centre pour résister à tous les vents. Il faut trouver le centre de la roue pour trouver son unité non seulement avec toutes les parties de soi, mais avec l'univers entier.

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Symbole du yin et du yang

A suivre...

23 avril 2008

La symbolique du corps humain

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Le premier livre d'Annick de Souzenelle qui a croisé ma route était Le féminin de l'être.

Je faisais alors des recherches sur le mythe de Lilith ou la première Eve et ce livre par la lecture très profonde de l'auteur des lettres hébraïques m'avait ouvert des portes insoupçonnées. Mais à cette période de ma vie, je n'avais pas saisi ce que signifiait réellement réconcilier le féminin et le masculin en soi. Ma vision était restreinte alors et se limitait à une conception dualiste telle qu'on la rencontre dans les milieux dits "nouvel âge". Disons que ma vision était très horizontale. Il ne s'agissait pas de chercher l'homme ou la femme en soi, ni même de polémiquer sur le rapport de force qui peut y avoir entre ces deux pôles de l'humanité, mais de se verticaliser, de rencontrer cette part mystérieuse en soi (le sauvage) pour pouvoir s'unifier, devenir Homme(quelque soit son sexe).

La symbolique du corps humain m'a permis non seulement d'approfondir cette recherche mais aussi de trouver des repères là où je ne les soupçonnais pas. C'est un voyage à travers les symboles de la bible principalement et d'autres mythes, guidé par cet auteur initiée aux subtilité de la langue hébraïque.

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On réalise au fil des page comme l'évoque Baudelaire de manière inimitable dans son sonnet Correspondances, que la trame des symboles est infinie et témoigne toujours de Celui qui les a tissé. Pour entendre « leurs confuses paroles » ne faut-il pas tendre cette oreille aiguisée qui entend si bien les poèmes...

23 avril 2008

Correspondances

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

Charles Baudelaire

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22 avril 2008

Tao te king

Tao

Idéogramme du Tao

La vérité (le tao) que l’on veut exprimer

N’est pas la vérité absolue.

Le nom qu’on lui donne

N’est pas le nom immuable.

Non-être

Est l’origine du ciel et de la terre.

Etre

Est la création sous toutes ses formes.

Le vide de l’être

Médite la racine de toute chose.

L’être

Considère ses manifestations.

Tous deux sont un

Mais par leurs noms diffèrent.

Un qui est secret

Mystère du mystère

Porte secrète des mystères.

2

Dans le monde chacun décide du beau

Et cela devient laid.

Par le monde chacun décide du bien

Et cela devient mal.

Ce qui a une forme et ce qui n’en a pas s’engendrent

L’un et l’autre.

Facile et difficile se complètent

Long et court se définissent

Haut et bas se rencontrent

L’un l’autre.

Voix et sons s’accordent

Avant et après se mêlent.

Ainsi le sage, du non-agir

Pratique l’œuvre

Et enseigne sans paroles.

Multitude d’êtres apparaissent

Qu’il ne rejette pas.

Il crée sans posséder

Agit sans rien attendre

Ne s’attache pas à ses œuvres

Et sans cet abandon

Ne demeure pas abandonné.

3

Si le mérite des hommes n’est plus honoré

La contestation ne pénètre plus les gens du peuple

Si les biens précieux ne sont plus recherchés

Le vol disparaît de l’esprit du peuple.

Si ce qui éveille les désirs n’est plus exhibé

Le trouble du peuple s’éloigne.

Ainsi, pour gouverner le peuple,

Le sage vide les consciences mais emplit les ventres

Affaiblit les volontés mais fortifie les os.

Il garde le peuple hors science ni désir

Et s’assure que l’habileté n’ose manipuler.

Par la vertu du non-agir

L’ordre se maintient, naturel.

4

Le tao est vide

Jamais l’usage ne le remplit.

Gouffre sans fond

Il est l’origine

De la multitude des êtres et des choses.

Il émousse ce qui tranche

Démêle les nœuds.

Discerne dans la lumière

Assemble ce qui, poussière, se disperse.

D’une profondeur invisible

Il est là

Enfant de l’inconnu

Ancêtre des dieux.

5

Rudes sont le ciel et la terre

Qui traitent en chien de paille

La multitude d’êtres.

Rude est le sage

Qui traite le peuple en chien de paille.

L’espace entre ciel et terre

Pareil à un souffle

Est vide et ne s’affaisse pas.

Exhalé il est inépuisable.

La parole conduit au silence

Autant en pénétrer le sens.

6

L’esprit du vide ne peut mourir

Mystérieux féminin.

Du cœur de cette mystérieuse obscurité

Sort la racine du ciel et de la terre

Sans cesse elle croît

Invisible, sans effort.

7

Ciel et terre demeurent.

Pourquoi durent-ils ?

Ils ne vivent pas pour eux-mêmes

Ainsi continuent-ils d’exister.

De même le sage s’efface

Et par là apparaît.

Il s’oublie lui-même

Et atteint le vivant.

Par le détachement

Il réalise la perfection.

8

L’eau est bienfaisante

Elle sert à tous sans différence

Coule où personne ne séjourne

Et se trouve toute proche du tao.

Pour une maison l’emplacement est essentiel.

Pour la conscience importe la profondeur.

Envers un allié importe la bienveillance.

Par la parole l’authenticité se révèle.

Dans l’art de gouverner se manifeste l’ordre.

Dans les affaires compte la capacité.

Et l’action juste résulte du choix du moment.

Ne rivalisant avec personne

On reste irréprochable.

9

Plutôt que tenir et remplir jusqu’à ras bord

Mieux vaut savoir s’arrêter à temps

. 

Marteler et aiguiser sans cesse

Ne préserve pas la lame.

Tout l’or et le jade qui remplissent une salle

Ne peuvent être gardés par personne.

Qui tire fierté de sa richesse et puissance

S’attire le malheur.

L’ouvrage accompli

Se retirer

Tel est le sens de la voie.

10

Peut-on par l’âme du corps

Embrasser l’âme de l’esprit

Et concevoir l’unité ?

Peut-on concentrer l’expir et l’inspir du souffle

Et le rendre aussi souple que celui du bébé ?

Peut-on purifier le miroir secret

Jusqu’à rendre le regard pur ?

Peut-on gouverner l’Etat et veiller sur le peuple

Par la pratique du non-agir ?

Lorsque les portes du vide

S’ouvrent et se ferment

Sait-on demeurer passif telle la femme ?

Pénétrer les quatre dimensions

Sans en rien savoir ?

Créer et développer,

Produire sans posséder

Agir sans retenir,

Multiplier sans contraindre,

Ceci se nomme vertu mystérieuse.

11

Trente rayons se joignent au moyeu

Un, qui permet l’usage du char dans l’espace.

On pétrit l’argile pour en faire un vase

Mais sans le vide interne

Quel usage en ferait-on ?

Portes et fenêtres sont percées

Pour bâtir une chambre

Seul le vide en permet l’usage.

L’être crée des phénomènes

Que seul le vide permet d’utiliser.

12

Les cinq couleurs aveuglent

Les cinq notes rendent sourd

Les cinq saveurs émoussent le goût.

Courses et chasses excitent la bestialité

Biens précieux entravent le progrès.

Aussi le sage

Se concentre dans l’abdomen

Et non dans l’œil.

Rejette toute l’influence

Et demeure centré.

13

Faveur et disgrâce sont des événements saisissants.

Elévation et dommage sont perçus par le corps.

Que signifie

Faveur et disgrâce sont des événements saisissants ?

Faveur qui arrive surprend

Faveur qui se retire surprend.

Tel est le sens de :

Faveur et disgrâce sont événements saisissants.

Que signifie

Elévation et dommage sont perçus par le corps ?

Le dommage éprouve mon être.

Le dommage n’éprouve pas le non-être.

A celui qui estime le monde au prix de sa personne

On peut remettre le monde.

A celui qui gouverne le monde comme sa personne

On peut confier le monde.

Lao Tseu –traduit par Ma Kou aux éditions Albin Michel « spiritualités vivantes »

Tao

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21 avril 2008

Solitude

      

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Les rideaux voilent la lumière. Je vois le volet battre au gré du vent. La nuit s'annonce déjà et ce jour qui s'échappe dans cette pénombre m'angoisse.

La vie est pavée de ces instant suspendus, ces moments de silence où les choses sont là, hors du temps. Un instant de répit où je reprends mon souffle. Du moins, je le crois.

Le temps m'échappe.

Ça a commencé depuis que j'ai pris conscience de ce temps. Enfant, tout me paraissait long, interminable et je ne comprenais pas cette plainte récurrente des adultes: « le temps passe trop vite ».

Je ne savais pas ce que cela signifiait. Je les plaignais même, moi qui vivait constamment dans l'impatience de l'après. Et puis le temps m'a saisi à défaut d'être saisi par moi.

Le temps m'a emporté et m'emporte encore de plus en plus vite. Je rêve souvent de pentes à dévaler et du vertige que je ressens quand je me sens glisser. Je sais que je n'ai pas le choix, qu'il faut se laisser emporter mais j'ai peur, je m'agrippe, je m'assure de pouvoir freiner, j'essaie de ne pas lâcher prise, de rester assise sur cette pente vertigineuse, ce temps qui n'en finit pas de m'entrainer dans sa chute.

Les jours passent comme je respire, à peine levés que déjà ils se couchent. La nuit me recueille alors avec cette angoisse qui m'étouffe. La douleur est un levier de vitesse. Et plus je souffre, plus le temps m'emporte dans sa tourmente. Je ne maîtrise rien. Je souffre et ne maîtrise rien.

Je me suis attachée surtout à toutes ces petites choses insignifiantes. Prendre une douche, manger, rire, se réveiller, lire un livre, regarder la télé, sentir le soleil le matin sur mon visage, déjeuner dans la maison calme.

J'ai du mal à accepter que tout cela ne reviendra plus un jour. Il faudra pourtant partir, abandonner ce petit monde familier dans lequel je me suis blottie.

C'était bien ça le piège. Je me suis réfugiée là où il n'y a aucun refuge. Mais réfugiée de quoi?

De cette certitude soudain évidente que je vais mourir. Que tout cela est destiné à disparaître.

Cette angoisse de mourir, je ne l'avais jamais sentie. C'est un sentiment nouveau et lourd qui est apparu juste après avoir pris conscience de la beauté poignante de tout ce qui vit.

Je suis passée de l'euphorie de vivre à la terreur de mourir.

Ce n'est pas une terreur bruyante. Au contraire, elle ne fait pas de bruit.

Quand on a entrevu le visage du Bien-Aimé, comment ne pas craindre d'en perdre la mémoire. Je me sens comme un enfant qui a perdu sa mère dans la foule. Je me sens paniquée et en même temps, je suis paralysée. Je ne sais pas quoi faire de cette peur qui déborde. Y a-t-il un dictionnaire des symptômes qui apparaissent normalement après l'illumination?

C'est comme avoir été au centre d'une roue et se retrouver soudain projetée sur les bord et sentir la roue tourner de plus en plus fort.

Je me sens très seule. C'est un autre sentiment qui accompagne mon angoisse. Seule parce que je sens bien que personne n'est prêt à m'entendre, à comprendre. Et puis j'ai perdu l'envie de m'ouvrir. Je saigne trop. J'ai trop mal. Qui pourra m'entendre?

J'ai peur de faire confiance, de me livrer. Cet orgueil encombrant...

Je sais bien que je dois lâcher, me laisser glisser sur cette pente, garder confiance. La mort n'est qu'un passage, j'en ai la certitude, mais une partie de moi refuse de mourir. Je dois revenir à la conscience aiguë de l'impermanence. J'ai parfois envie de tout jeter, de revenir à une vie simple, de ne garder que l'essentiel. Je rêve d'une vie simple. Non pas une fuite. Une vie ronde et simple comme un galet. Sur laquelle je passe ma main et dont je connais toutes les aspérités et les douceurs aussi.

C'est douloureux quand j'écris ça, les larmes remplissent mes yeux.

J'ignore pourquoi cette vie-là m'est refusée. Je rêve de me réveiller avec le chant des oiseaux, de m'endormir avec le bruit du vent dans les feuillages. Ça fait cliché et pourtant. C'est si simple. Trop simple. Je m'en suis tant éloignée.

Je rêve d'une maison. Pas un château de conte de fée. Une maison modeste qui m'habiterait autant que je l'habite.

J'ai besoin de silence parce que mon esprit est bruyant, indiscipliné. Il remue comme le serpent primordial au sein de la terre. Il provoque des tremblements, des éboulements, des glissements de terrain. Aucune illusion, aucun rêve ne semble pouvoir se maintenir sur ce terrain instable.

Je rêve de silence. Je rêve d'entendre enfin le bruit ténu de mon cœur. C'est un bruit si doux qu'il faut tendre l'oreille.

Mais que celui qui des oreilles pour entendre entende.

Je sais que la prière aiguise cette écoute. Je sais que faire silence parfois, apaiser le serpent, permet d'entendre l'indicible.

C'est comme vivre en apnée. Je vis en apnée, en attendant cette bouffée d'oxygène qui va me redonner la vie. A nouveau.

18 avril 2008

Calligraphie

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Vers une autre terre, au pays où ne règne que la lumière. (Roumi/Rumi, XIIIe s.)Calligraphie © Hassan Massoudy

17 avril 2008

Vie

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Miracle: le nom Allah écrit dans le ciel

Il s’est passé quelque chose.

C’est une évidence qui reste pourtant insaisissable, inexprimable.

J’écris non pas pour contempler ce qui ne peut l’être. Contempler ce qu’en moi-même, j’ai découvert, il y a quelques temps dans ma vie. J’écris comme on prie. L’écriture est devenue prière. Prier n’est pas invoquer, ou supplier. Prier c’est rencontrer la vérité en soi.

Alors je viens à ma rencontre, à ta rencontre, toi qui lis ces mots. On ne peut rencontrer que soi-même et espérer que ce que l’on découvre de soi nous permette de mieux aimer l’autre.

Je resterai vague au sujet des circonstances qui ont provoqué cet événement dans ma vie. Les circonstances ne sont qu’un décor de carton pâte. Aucune importance.

Un événement insituable dans le temps avec précision.

C’est un cadeau offert par ce que je nommerai la Vie. A défaut d’un terme plus vaste, plus infini. Qu’y a-t-il de plus insaisissable que la Vie ?

Et pourtant la Vie parfois se laisse étreindre. Elle se donne comme l’amante du cantique des cantiques :

Je suis une fontaine de jardins, un puit d’eaux courantes, ruisselant du Liban !

Eveille-toi, Aquilon ! Viens, Autan !

Fais respirer mon jardin,

Et que ses larmes ruissellent !

Que mon chéri vienne à son jardin

Et en mange les fruits de choix !

Il n’y a personne d’autre qu’elle et moi. C’est une histoire d’amour inlassablement répétée, une histoire belle et tragique si on n’en saisit pas la clé.

La Vie et moi, nous nous sommes longtemps cherchés. Ou plutôt, je l’ai longtemps cherchée, ardemment désirée, tourmentée comme le sont les amants séparés. Je l’ai criée, jalousée, perdue de vue parfois mais toujours espérée au plus profond de mes nuits de désespoir, c’est son nom silencieux qui restait sur mes lèvres. Ma bien-aimée…Vie.

J’ai été chercheuse de vie, de vérité, d’amour. Tous ces termes trop grands pour n'être que des mots. Et longtemps, j’ai cru que ma recherche était vaine et douloureuse. Amoureuse éperdue, brisée dans son désir toujours inassouvi.

Voyez tous ces êtres affamés…dans le monde. Tous ces êtres qui cherchent, aveugles, et enivrés de ce qu’ils poursuivent.

La faim dans le monde ne touche pas les deux tiers de la planète. Cette faim dont je parle est universelle. Elle est intrinsèque au processus de vie.

D’elle découle toutes les autres faim.

De quoi pourrait manquer celui qui est rassasié d’amour ?

Il n’y a pas d’amour heureux…Les histoires d’amour finissent mal…Longtemps bercée par ce refrain, j’ai couru après ce que je ne saisirais sans doutes jamais. Et c’était une douleur atroce de porter ce non-sens en moi. Cette course effrénée perdue d’avance.

J’ai haï tout ce que la vie avait mis sur mon chemin, jusqu’à moi-même. Et j’en ai mangé le blé de l’amertume.

Toutes ces histoires d’amour finissent par la mort des deux amants, fermant la porte à tout espoir de bonheur. Tristan et Iseut, Roméo et Juliette, et bien d’autres encore…ces histoires traversent le temps. Les détails, le décor change, mais le fond est le même. Il n’y a pas d’amour heureux. Tout amour véritable est destiné à mourir.

C’est ce que la Vie m’a enseigné à travers mon histoire. Mais pendant longtemps le sens véritable de ces amours tragiques m’a échappé. J’étais aveugle. Je m’accrochais au décor de la pièce et non au message que l’histoire me délivrait.

Oui la mort est inévitable. Mais la mort n’est pas ce que l’on croit. Il faut avoir contemplé son véritable visage pour comprendre que non seulement la mort est inévitable mais qu’elle est la Vie elle-même. Il faut avoir affronté sa peur la plus primale pour saisir la véritable sens de la vie.

Je n’ai jamais pensé que la Vie s’offrirait un jour à moi avec un tel élan d’amour. Tout ce que je pouvais penser était bien loin de l’infini qui s’est ouvert en moi.

Une brèche, une déchirure pour découvrir que la Vie n’est pas une accumulation de blessures mais le sang qui en jaillit. Il faut se blesser assez profondément pour contempler la source intarissable qui s’est toujours trouvée en soi.

C’est sans doute la divine blessure qu’évoque Jacqueline Kelem.

La mort des amants n’est pas une malédiction. Elle est une grâce offerte à tout ce qui vit.

On découvre alors que ce que l’on cherchait avait toujours été là. Deux amants sous terre et un seul rosier. Une seule racine.

Je suis Vie. Je suis le Bien-aimé et la Bien-aimée à la fois.

La tragédie est une illusion tissée pour voiler la lumière. Comme ceux qui s’appesantissent sur le calvaire du Christ, qui s’attardent sur les détails de son sacrifice et restent aveugle à la grâce éblouissante dont il est le parfait messager.

Cette nouvelle brèche en moi a éclairé toutes les zones d’ombres qui subsistaient. Ces nuages qui voilent si bien le soleil qu’on doute alors de son existence.

Il n’y a qu’Un qui se raconte, qui joue à se perdre et se retrouver. Les correspondances que l’on découvre alors semblent infinies.

Tout est là. De l’atome à la galaxie. Vie est tout ce qui est.

Que je sois assis dans une cellule ou au sommet d’une montagne, je suis Vie. Je suis l’Amour vivant du Bien-aimé envers sa Bien-Aimé.

Peu importe ma peau, mes origines, l’ouverture de mon cœur, je suis vie. Je ne peux chercher ce qui est déjà là, si près, si intérieur que je ne peux prendre assez de recul pour le voir.

Ce lieu en soi aussi petit qu’un grain de Sénevé qui contient cependant tout l’univers…uni-vers quoi ?

Mais si tout ce que je regarde est un reflet alors dans le miroir uni-vers devient vers-uni, vers l’unité.

Jeu de mots, tout est jeu, ou Je.

Si tu me croises un jour, que verras-tu en moi ? l’alter-égo ou cette unité, ce un que je suis ou que tu es. Mais sache que peu importe ton choix, l’amour est déjà au-delà de tes désirs. Il est tout simplement.

Présent en chaque chose. Présent.

Seras-tu présent au rendez-vous avec le bien-aimé ou te complairas-tu dans le rôle de l’amant malheureux ?

Quelle étrange expérience d’assister à sa propre naissance.

17 avril 2008

De la prison à l'éveil

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Alors que le processus même de l’éveil donne le sentiment d’être soudain et bouleversant, les événements qui y conduisent sont probablement beaucoup plus progressifs. Parfois des événements tragiques comme une maladie aux conséquences graves, la perte de mobilité, la perte  d’une carrière, d’un être cher, ou des revers financiers, etc., contribuent à affaiblir la dure carapace externe de toutes nos couches d’identité, afin que la connaissance intérieure de qui nous sommes véritablement puisse émerger.

Dans les expériences d’éveil d’autres chercheurs qui ont décrit la manière dont cela s’est produit pou eux, j’ai retrouvé certains dénominateurs communs.

D’abord, une expérience semblable à la mort, impliquant la perte de l’égo ou de l’identité personnelle.

Ensuite, un abandon de la tentative de comprendre tout le processus, ou quoi que ce soit se rapportant à Dieu ou au domaine spirituel.

Enfin, il y a un abandon de tout effort délibéré vers l’éveil.

Au début cela s’accompagne de vagues de félicité qui s’apaisent ensuite en un sentiment de paix profonde.

(…)

J’avais toujours cru, en vertu de mon conditionnement à couches multiples, qu’une fois que vous étiez « éveillé », c’était fondamentalement la fin de tout le processus. Mais l’expérience m’a rapidement appris que c’était simplement un début, que « l’éveil » n’était que le premier stade du processus de la « délivrance ».

Une fois atteint par le plein impact de : « conscience est tout ce qui est » et : « je ne suis pas l’auteur de mes actes », vous réalisez qui vous êtes réellement et qui vous n’êtes pas. de cette profonde réalisation jaillissent les ramifications de cette nouvelle « vision de Perle »qui imprégnera les moindres détails de votre vie quotidienne.

"De la prison à l'éveil" de Satyam Nadeen aux éditions du Relié

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